CONGÉ FORCÉ ET ENTERREMENT DU CARDINAL

Un grand homme fut certes le Cardinal Etsou Frederick. Outre sa noble fonction de pâtre de l’Église catholique dans ce bled appelé Congo Démo(n ?)cratique, le Cardinal joua un rôle de choix dans plusieurs processus politiques engageant ce semblant d’État, processus ayant plus ou moins réussi (et plus ou moins capoté surtout, il faut le dire). La question est alors de savoir si ce que je viens d’indiquer supra justifie qu’un jour de deuil national doublé d’un congé chômé (et payé ?) soit instauré…

Quant au deuil national, passe encore… En effet, il est normal que l’entité Congo soit envahie par la douleur et la consternation à la mort d’un grand homme, d’autant plus que sous d’autres cieux, un deuil national est décrété sur l’ensemble du territoire lorsqu’un crash de quelque Antonov a fait se cramer plus de 20 corps… Passe encore le déplacement des autorités de ce patelin à la messe d’adieu. La qualité du feu Cardinal lui vaut bien ce petit geste. Là où je proteste avec vigueur, c’est quand il est imposé un congé chômé (peut-être payé) à l’ensemble des habitants du bled, toutes confessions religieuses confondues.

Que je sache et je ne pense pas me tromper, quelque part au début de la Constitution, il est clamé que l’État congolais est laïc (bien que le Président de la République prête serment en jurant devant Dieu, mais c’est un autre débat…). Comment, dans un État dépourvu constitutionnellement de coloration religieuse, peut-on oser se permettre d’empêcher les honnêtes individus de vaquer à leurs occupations professionnelles suite au décès d’une autorité catholique ? Autant alors violer la Constitution à tout bout de décès, en décrétant des congés à la mort du grand Imam au Congo ou du chef de l’Église protestante au Congo…

Le jour où dans ce coin au centre de l’Afrique, les sentiments incongrus vont cesser de supplanter la raison, la récré tendra vers sa fin…