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Je décrie moult injustices congolaises
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30 décembre 2009

L’AFFAIRE DE L’INDIEN AUX 44 000 CARATS : ÇA A TOUT L’AIR D’ÊTRE DU CHIQUÉ…

L’AFFAIRE DE L’INDIEN AUX 44 000 CARATS : ÇA A TOUT L’AIR D’ÊTRE DU CHIQUÉ…

Vendredi 19 décembre 2009 tombe un étrange verdict sur une drôle d’affaire dans laquelle est pleinement plongé un mystérieux personnage, sujet indien négociant de diamant de son état. La justice congolaise vient en effet de condamner ce dernier à six mois de tôle et au paiement d’une amende de 10 000 $. La chose a été hyper-médiatisée, en grande partie par la RTNC (tiens donc !) et ce, grâce au Ministre de l(a)’(Dés)Information dont on ne cite plus le nom. Et pour quelle raison, une telle médiatisation ? Because le sacripant asiatique aurait tenté de faire sortir hors du territoire rdcien environ 44 000 carats de caillou brillant, environ 8 kg et des poussières. Lors d’un contrôle de bagages à l’aéroport poreux de N’Djili, l’infortuné aurait été attrapé par une zélée policière qui – comme c’est louable ! – aurait refusé les sommes qu’on lui proposait dans la vue d’acheter son silence. En gros, voilà l’histoire… qui donne des apparences de conte de fées mal ficelé qu’aucun enfant de plus de dix ans ne goberait. Mais au Congo Demo(n)cratique, on a l’habitude d’avaler cul sec des anacondas servis sur le plateau télé ou radio. Alors de petites couleuvres comme celle-ci…

Pourquoi me dis-je que l’affaire de l’Indien schlingue la mascarade à mille lieues à la ronde ? Il suffit simplement de se poser les bonnes questions…

Question n° 1 : comment notre Indien a-t-il eu la surprenante bêtise de se faire avoir si facilement ?

Nul n’ignore que le contrôle à l’aéroport de N’Djili, quant aux bagages des étrangers, s’avère plus que sommaire, pour ne pas dire inexistant. Mais bon ! Ce jour-là, comme par hasard, la flicaille décide de vérifier le contenu des colis. Et comme par hasard, notre Indien transporte huit kilos de diamant, et seulement ce jour-là. Bête comme un phoque, le négociant ne se donne même pas la peine de préparer son coup. Il est tellement confiant qu’il croit dur comme fer que jamais on ne mettra la main sur lui. Mal lui en prend : une policière déjoue ses tours et, le comble, refuse les billets verts qu’on lui propose histoire qu’elle se taise ! Connaissant le peu de moralité de nos agents de l’ordre (désordonné), l’attitude de cette femme en uniforme me laisse rêveur… Il parait qu’elle aurait refusé d’empocher 500 $ (d’autres parlent de 5 000 $) !!! N’importe quoi ! Je ne suis pas partisan de la théorie du complot, mais cette version des faits laisse planer deux hypothèses :

-         Soit l’Indien n’a jamais transporté sa précieuse cargaison à l’aéroport de N’Djili

-         Soit, s’il l’a fait, c’est qu’un sordide montage fomenté en haut lieu a tourné en sa défaveur, quelques nébuleuses autorités désirant s’approprier les cailloux brillants que d’ailleurs le juge déclara « biens sans maître » (sic)

Cette dernière conjecture me paraît la plus vraisemblable.

Signalons qu’à la barre, le négociant à peau tannée prétendit que la cargaison apportée au Tribunal comme pièce à conviction n’était pas la sienne. Même le sac lui était inconnu. Si l’Indien dit vrai, ce détail rend encore plus fumeuse cette affaire déjà si peu lumineuse…

Question n° 2 : pourquoi une si minime peine ?

Alors que le Ministère Public, à tort ou avec raison, requit 17 ans de prison et plus de 500 000 $ d’amende, le juge se montra d’une clémence renversante : notre Indien ne passera que six mois incarcéré et paiera juste 10 000 balles ! C’est à croire que l’État se reprochait de quelque chose ou, du moins, estima qu’il avait obtenu ce qu’il cherchait : les cailloux brillants. Et quand je dis « État », je sous-entends certaines mains noires haut perchées dans les instances (approximatives) congolaises, lesquelles mains ayant manifestement quelque intérêt dans le dossier. Le juge oublia étrangement que la peine ne peut jamais être atténuée de cette manière pour le cas en présence, du fait que la chose en litige ait été retrouvée. J’ai rarement vu un vol ou un détournement de sommes qui, au lieu d’être puni de cinq ans tel que le veut le Parquet, est juste sanctionné d’un mois de servitude pénale, parce qu’on a retrouvé le bien volé ou l’argent soustrait. La peine, au-delà de tout, a valeur d’exemple, voire de vengeance, histoire que les futurs délinquants ne soient plus tentés de refaire le coup, même si les récalcitrants demeurent.

Mon petit doigt me dit que notre fameux Indien ne passera pas six mois de tôle. Un prétexte qui marche bien surgira : le condamné est tombé gravement malade ; on l’a donc temporairement libéré pour raisons de soins. Par une entourloupe qui ne dit pas son nom, la libération temporaire se muera en libération définitive. Qui vivra verra !...

Question n° 3 : un procès pénal dépourvu d’interjection en appel ?

Certes, je ne suis pas avocat ni magistrat, encore moins un habitué des Cours et Tribunaux. Je n’ai cependant que très rarement vu un avocat s’abstenir de faire appel d’un jugement rendu au pénal au premier degré. Surtout si son client a de quoi payer les honoraires et les frais de justice qu’occasionne cette voie de recours, qualifiée à juste titre d’ordinaire. Et d’autant plus que le Tribunal qui jugea ne trancha guère en dernier ressort. L’avocat aurait-il subi des pressions, voire des menaces, qui l’empêchent d’agir ? Ou bien, après analyse du dossier et des enjeux engendrés, parvint-il à convaincre son client qu’il serait parfaitement inutile de se lancer dans l’aventure totalement incertaine et perdue d’avance d’un procès en appel ? Ou encore le Maître juriste saurait que son Indien de client serait très vite hors de prison et que même si tel ne serait jamais le cas, la peine infligée par rapport aux faits qu’on lui reproche s’avère si ridicule que la purger de bout en bout vaut le coup, car ça pourrait être bien pire ?

L’une de ces interrogations au moins fournit la réponse à la question n°3.

En guise de conclusion : où le Ministre de l’Information étale au grand jour le non-État de droit en RDC

« Venez, ô journalistes de tous médias ! Filmez, écrivez, faites votre reportage. On racontait que la tolérance zéro ne frappait jamais les gros poissons. Eh bien, la justice s’occupera cette fois-ci d’un gros calibre : un Indien, négociant de diamant de son état ».

C’est ce qu’en gros, lors d’un compte-rendu gouvernemental, il fut livré comme infâme plat à la population abâtardie rdcienne. On comprend facilement dans ce discours qu’il est d’une telle rareté, coffrer de grandes personnalités au royaume de Kabila, que la moindre occasion qui se présente doit être médiatisée à outrance. Seuls les menus fretins tombent dans les nasses de la pseudo-justice congolaise, et fort souvent d’innocentes gens. Les barons du pouvoir ou de la finance, eux, font de la délinquance amplifiée par un facteur de 10 000, au vu et au su de tout le monde. Le prix de leurs forfaits ? Des peines minables, au fait rien du tout la plupart du temps.

Tolérance zéro de mes fesses, ouais !

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