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Je décrie moult injustices congolaises
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28 janvier 2010

UN PETIT MOT SUR LES CANDIDATS « PRÉSÉLECTIONNÉS » (SIC) AU CONCOURS DE LA MAGISTRATURE

UN PETIT MOT SUR LES CANDIDATS « PRÉSÉLECTIONNÉS » (SIC) AU CONCOURS DE LA MAGISTRATURE

Du samedi 17 octobre au lundi 19 octobre 2009, après plus de 11 ans d’attente et aux termes de multiples reports, un simulacre de concours fut organisé par le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) un peu partout en RDC. Environ 13 000 (dont plus ou moins 8 500 dans la seule ville-province-égout de Kinshasa) inscrits, moins de 3 000 retenus en « présélection ». À l’issue d’une série d’épreuves aussi transparentes qu’une planche à repasser peinte en noir, dont la surveillance (surtout dans la capitale) était aussi relâchée que guetter un moineau sur son perchoir à 20 km de son perchoir. Plusieurs candidats connaissaient en effet la teneur desdites épreuves, à la question près, de nombreuses heures, voire de nombreux jours à l’avance ! Ce fait n’est même plus à démontrer…

Mercredi 20 janvier dans la soirée, une liste alphabétique bizarrement non numérotée est affichée dans les valves et sur les tableaux de la Cour Suprême de Justice et du Palais de Justice. C’est la joie pour certains, le désenchantement pour la majorité. Parmi ceux dont les noms sont repris sur les listes, plusieurs savaient au moins une semaine plus tôt qu’ils réussiraient. Pire ! Je connais personnellement des individus que le scrupule n’étouffe pas, qui, bien que n’ayant aucun dossier constitué et, par conséquent, bien que n’ayant jamais participé au concours, ont vu leur nom reproduit !!! Allez-y comprendre quelque chose… D’autres, qui étaient pourtant omis de la liste des candidats, ont osé passer le concours et ont miraculeusement réussi. Et beaucoup parmi eux ne sont même pas licenciés en droit ! Quelle jungle touffue, le Congo Démo(n)cratique !

Autre fumeux détail : les candidats retenus ont l’obligation de déposer une copie de la page de la liste sur laquelle se retrouve leur nom, ainsi qu’une copie de leur carte d’identité. Sachant que les instances concernées n’ont mis à la disposition desdits candidats aucune liste officielle, c’est auprès des journaux de la place qu’il convient de rechercher l’information utile. Comble du désordre, les listes varient d’un journal à l’autre ! Et je ne vous parle même pas de multiples cas de mauvaise orthographe des noms, qui rajoutent à la confusion… Entre nous, est-ce sérieux, pour une instance étatique de considérer comme preuve un document de cette importance imprimé dans un ou plusieurs journaux, document non signé, plein de fautes et d’incohérences.

Au moins, ces journaux ont numéroté les listes, ce que s’est refusé de faire le CSM pour une raison qui nous échappe. C’est ainsi qu’on s’est aisément aperçu qu’il n’y avait pas 2 500 candidats « présélectionnés », mais en moyenne (car il faut bien parler de moyenne) 2 380. Où se sont volatilisés les autres noms ? Va-t-on établir une liste additionnelle ou insérer de nouveaux noms dans la liste existante ? Question mark…

Parlons à présent de ce fameux « test oral », initialement prévu le 27 janvier, mais à présent reporté à une date x. Pourquoi un tel filtrage, inventé, semble-t-il de toutes pièces par le cabinet du ministre de la Justice ? N’est-ce pas là l’occasion rêvée d’encore mieux cibler, en haut lieu, les candidats « les plus recommandés » ? En effet, sur base de quels critères va-t-on coter les « présélectionnés » ? Sur base de réponses aux questions posées ? De la tronche du présélectionné ? De son discours ? De sa tenue ? De l’humeur du correcteur ? Mystère ! Voilà la porte toute indiquée vers l’arbitraire le plus total… Ou plutôt vers l’arbitraire influencé ! Affaire à suivre.

Addenda : dans la peau d’un membre du CSM, avant et après « correction »

Avant « correction » :

« Bon ! Enfin, ce putain de concours vient de se dérouler. Ça fait pas mal de copies à corriger ! Avec le pognon que les Blancs nous ont donné, on doit faire semblant de corriger et, si possible, y mettre le temps nécessaire. Disons… trois mois, jour pour jour. Hum… ! Ça risque d’être limite-limite, 90 jours. Le nombre de recommandations que nous avons reçues est tout simplement stupéfiant !!! La présidence, la primature, les ministres, le parlement, les directeurs des sociétés privées, entreprises publiques et autres, mes collègues magistrats, mes deux nièces, mon beauf, … Bref, du beau monde ! »

Le temps des « corrections » passé :

« Après savants équilibrages et innommables tours de passe-passe, on est parvenu à retenir 2 500 élus (bof, 2 500, c’est une façon de parler, y en a légèrement moins. Mais pour embobiner les gens, on va publier les listes sans les numéroter). Certes, les recommandés ont dépassé plus que la moitié des heureux retenus, mais faisons quand même croire aux Blancs que tout est impec. C’est pourquoi on a inséré les meilleurs éléments. Ceux qui, malgré nos innombrables filtres, ont passé les mailles du filet, bénéficient d’une chance inouïe. Je ne crois pas qu’ils résisteront au test oral qui les attend dans les prochains jours. Son caractère hautement aléatoire jouera grandement en faveur des recommandés. Tiens, j’ai un appel… Allo !... Oui ?... Ah, Gontran !... Désolé, mec, fallait y songer plus tôt. Tout est fin prêt e ton affiche demain soir… Quoi ?... Garde ton fric, ça ne sert à rien, j’te dis… (Fin de l’appel). Non, mais ! Quel distrait, ce Gontran. Où était-il tout ce temps ? ».

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Commentaires
R
Le fameux test oral est prévu pour demain vendredi le 29.
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